de retour de décrassage...
première partie de course tendue et rapide ; sur une route détrempée par la nuit précédente. tout le monde veut se placer pour aborder la première montée en tête (Ballon de Servance), sur des petites routes où on ne peut pas doubler. avec mon dossard prio pas de souci ; je colle aux basques de mon collègue GMCien David Polveroni (il a aussi des proches dans le coin ; en 2007 il faisait 10° de l'épreuve... à 18 ans). 9 km de montée rapide, cardio à plus de 180 mais je tiens bien le choc pour basculer avec les 20 premiers dans une descente humide et dangereuse.
dans celle-ci un gonze prend un trou et perd ses deux bidons devant moi ; j'évite ses bidons, mais pas le trou... pas de casse mais je perd un bidon, qui était encore plein ; sur 200 bornes ça va être tendu de tourner avec un seul bidon, mes parents doivent passer aux 2/3 du parcours, mais va falloir tenir d'ici-là.
bas de la descente, ça se regroupe à 50 gonzes ; on passe un petit col où je dois m'arrêter pour un premier ravito (km 55)... c'est un peu le bordel, je perds pas mal de temps et attaque la descente à bloc pour revenir vite fait avant le prochain col. c'est humide et glissant, mais les voitures "suiveuses" sont en vue, et au prix d'un effort monstrueux dans un bout de plat je parviens à recoller.
heureusement dans le col ça démarre tranquille, je peux me replacer devant. mais après quelques km la pente se durcit et je dois laisser filer une quinzaine de costauds, tandis que ça pète de partout ; on a à peine fait 75 bornes, pas la peine de se mettre dans le rouge pour exploser ensuite.
on bascule à une 20aine de gars (dont une nana) pour attaquer la route des crêtes en passant par le Grand Ballon, point culminant de l'épreuve. ce n'est pas très pentu, mais passé 1000 m on est dans le brouillard et le froid, vent de côté et les mecs vissent comme des malades sentant que la tête de course n'est pas si loin (2' ou 2'30" à ce moment-là). je reste bien calé dans les roues, et re-remplis mon bidon au sommet, où nous attaquons la descente groupés.
jusqu'ici ça va pas mal, d'autant que le temps commence (enfin) à se découvrir. km 115 on arrive au col du Hunsdruck, où je retrouve comme prévu mes parents. dans la pente raide je prends un bidon, et leur laisse la pèlerine qui ne servira plus... toujours ça en moins dans les poches. on voit aussi qui est costaud dans le groupe, et qui est un peu à l'arrache. au sommet on est pointés à 5' de la tête de course, et je m'arrache pour rester avec ce qu'il reste du groupe.
redescente et on arrive en terrain connu : le Ballon d'Alsace par son versant que j'aime le moins, Sewen. 10 km de vraie pente, et du 8-9% sur la fin ; après 140 km de course ça commence à faire très mal, et le groupe se disloque à nouveau. au sommet je récupère encore un bidon, histoire de tenir jusqu'au bout et fais la descente que je connais pas cœur pour revenir devant, car il reste 40 km à peu près plats pour rejoindre le pied de l'ascension finale.
tout le monde se regroupe, et on mène bon train à une dizaine pour éviter les retours de l'arrière. au plat les jambes tournent encore pas trop mal, mais les barres céréales commencent à ne plus passer : j'avale les 2 dernières en 20 km, sans avoir l'impression que ça serve à grand chose... sentant le coup de fringale à 15 km du but je demande à l'un des rares Français du groupe s'il n'a pas un truc en rab : il lui reste une pâte de fruits et un bout de gâteau, parfait. merci à lui !
vient enfin le pied de la Planche des Belles Filles : 5 km d'enfer avec des pourcentages à deux chiffres (le 1° km à 11.5 %) ; je m'arrête dès le pied pour pisser, impossible de tenir plus longtemps, et vu les écarts au pied je n'ai plus grand chose à gagner
je repars dans la pente (si raide que j'ai du mal à clipser la pédale
), et commence l'ascension au train, tout à gauche. malgré 200 km dans les pattes j'ai encore assez de force pour grimper à 11-12 km/h, et je commence à reprendre des compagnons de route dès la mi-pente. je continue sur ce rythme, et remets même la plaque sur le replat final.
je termine en 6h47 et 26° position (7° cat.), une perf tout bonnement hallucinante quand je vois le nombre de spécialistes devant... et derrière ! je tablais sur moins de 7h ; contrat largement rempli surtout vu la météo que je n'ai pas particulièrement apprécié (+ les "incidents" course)
ça me rassure également sur ma capacité à bien gérer les arrivées au sommet, car avec la Vaujany et la Marmotte je vais être servi
PS : et vu l'écart que je colle au leader du GT dans ma catégorie (je ne l'ai pas vu arriver quand je suis redescendu à la voiture... 3/4h après) le maillot ne doit plus être très loin